De par son caractère multidisciplinaire, le domaine de la criminologie comporte un éventail de possibilités d'emplois. Cette section servira à donner une tribune à différents professionnels œuvrant dans le domaine de la criminologie et autres domaines connexes afin de vous faire découvrir leur travail et leur passion.
L’intervenant a pour mandat de dispenser des services d’aide, d’information, d’accompagnement et de suivi auprès de personnes ayant été victime d’actes criminels, ainsi qu’à leurs proches et aux témoins.
« Le CRIPHASE est une organisation sans but lucratif, au service des Hommes abusés sexuellement dans l’enfance, afin de les accompagner dans leur quête pour se réapproprier sainement le pouvoir sur leur vie, par le biais d’interventions psychosociales, d’information, de sensibilisation, d’activités favorisant la socialisation, ainsi que par la formation des intervenants du réseau. » (www.criphase.org)
L'agent de relation humaine a pour mandat de procéder à l'évaluation des signalements et de déterminer si ceux-ci doivent être retenus.
L'intervenant psychosocial oeuvre auprès des individus souffrant de problèmes de dépendance. Ce dernier utilise, la plupart du temps, la thérapie cognitivo-comportementale afin d'amener l'individu vers un mode de vie plus sain, exempt de consommation.
« Il s'agit de l'intervenant(e) sociale qui effectue le suivi à plus ou moins long terme, une fois que la compromission a été prouvée par un intervenant à l’évaluation-orientation. Ce professionnel applique donc littéralement les mesures ordonnées par un juge ou bien prises selon des ententes sur mesures volontaires. »
En maison d'hébergement pour les femmes - et leurs enfants - victimes de violence conjugale
Plus spécifiquement, conseillère clinique au CRC Beauce : une maison de transition spécialisée en dépendance qui héberge des hommes de 18 ans et plus.
« Le CF3A est un organisme communautaire qui a pour but de prévenir la judiciarisation et la récidive chez les femmes en situation de délinquance, et ce, en leur offrant un soutien et un accompagnement qui leur permet de réorganiser leur vie et d’en reprendre le contrôle. »
Plus spécifiquement au poste de l’accueil et orientation, soit la gestion des nouvelles demandes, mais également le Programme Témoin Enfant.
La Direction de l’audit interne, des enquêtes et de l’inspection (DAIEI), une direction à trois volets, exerce au sein de l’ensemble du ministère de la Sécurité publique une fonction indépendante et objective d’évaluation à l’égard des unités administratives qu’elle audite, enquête ou inspecte.
L’intervenant a pour mandat de dispenser des services d’aide, d’information, d’accompagnement et de suivi auprès de personnes ayant été victime d’actes criminels, ainsi qu’à leurs proches et aux témoins.
Le délégué à la jeunesse est un spécialiste en délinquance travaillant dans les services de protection de l’enfance et de la jeunesse d’un centre intégré, qui tient son mandat du directeur provincial (MSSS).
Du plus loin que je me souvienne, j’ai toujours ressenti une aisance à entrer en relation d’aide auprès des autres. Il a néanmoins fallu du temps avant que je cible précisément de quelle façon je souhaitais mettre à profit cette propension en vue d’en faire une carrière. Ultimement portée par des intérêts distingués pour l'univers policier et celui du droit, le true crime ainsi que les facteurs et la psychologie derrière le passage à l’acte criminel, j’ai complété un baccalauréat en criminologie à l’Université Laval.
Les cours offerts et les expériences pratiques cumulés pendant mes années d’étude m’ont permis d’explorer encore davantage ces intérêts initiaux en plus d’affiner ma connaissance de soi et mes préférences en intervention. J’ai notamment eu la chance d’explorer deux domaines de pratique grâce à un emploi étudiant comme intervenante jeunesse dans une maison d’hébergement pour adolescents ainsi qu’un stage pratique final en criminologie effectué auprès d’une agente de probation. C’est finalement le monde de la victimologie, moins connu, mais résolument florissant, qui m’est apparu comme une vocation à l’issue de mon cheminement scolaire.
Ainsi, une semaine seulement après l’obtention de mon diplôme en criminologie, je me suis lancée dans cette voie et j’ai obtenu un emploi comme intervenante sociojudiciaire auprès des personnes ayant été victimes d’un acte criminel.
J’ai débuté ma pratique au sein d’un palais de justice, emploi qui s’est avéré riche et diversifié sur le plan des tâches. Je me chargeais entre autres d’offrir aux personnes victimes des rencontres de soutien psychosocial, de l’information sur la procédure judiciaire criminelle et de l’assistance pour compléter les formulaires afférents à leur situation. J’accompagnais également les individus devant témoigner à la cour, offrant préparation et support avant, pendant et après le témoignage. J’ai également été appelée à les accompagner lors de rencontres avec différents acteurs de la procédure judiciaire.
Aujourd’hui, j’occupe toujours un poste auprès des personnes victimes, mais au sein d’un service de police désormais. Suivant une entente avec le service de police en question, ce travail vise à contacter le plus rapidement possible les personnes victimes après la survenance d’un acte criminel. Je me charge d’évaluer avec elles leur filet de sécurité et leurs besoins, de répondre à leurs questions, de les informer sur leurs droits et recours et de leur offrir les services appropriés. Je réfère en outre les personnes qui le veulent vers les ressources et organismes pertinents en fonction des besoins identifiés ensemble.
Ma journée de travail typique s’amorce généralement en prenant part au briefing de l’équipe d’enquêteurs avec laquelle je suis le plus étroitement appelée à collaborer. Je reçois ensuite les dossiers dans lesquels le perpétrateur de l’infraction est détenu et comparaîtra au tribunal dans la journée. Ces dossiers sont traités en priorité et je tente d’entrer en communication avec les personnes victimes le plus diligemment possible. À la suite de ces dossiers, je traite les références effectuées directement par les enquêteurs ayant eu des contacts avec les personnes victimes et jugeant approprié qu’un appel d’offre de services leur soit fait. Finalement, je fais la lecture des dossiers assignés de façon régulière aux enquêteurs et je détermine si la situation justifie un appel proactif à la personne ayant été victime.
Bien que les avenues de carrière en criminologie soient multiples et toutes aussi stimulantes les unes que les autres, je suis reconnaissante d’occuper un emploi dans ma branche spécifique. Celui-ci me permet d’accomplir des interventions variées, de développer incessamment mes compétences et de côtoyer des collègues et des partenaires inspirants.
Gabrielle, intervenante sociojudiciaire
Rédaction par Gabrielle Mainville ↑
Correction par
C’est au Cégep, à travers les cours de psychologie, que j’ai compris que je voulais travailler avec les humains. Avant que je découvre l’existence de la criminologie, être psychologue était le seul moyen que je connaissais d’avoir un emploi en relation d’aide. Avec mon intérêt d’en apprendre plus pour le côté obscur de l’homme et avec la création récente du programme universitaire en criminologie à l’Université Laval, je savais que j’allais poursuivre dans cette voie.
Au cours du programme, j’ai autant appris à connaître ce qu’était la vision de la criminologie que j’ai précisé ce que je voulais faire exactement avec ces connaissances. La victimologie, l’une des branches de la criminologie, m’a particulièrement attiré. De cette façon, il était plus clair pour moi que je ne voulais pas travailler dans un contexte d’intervention involontaire, un élément présent dans certains secteurs de la criminologie. Mon stage fut à la Maison Marie-Frédéric, un organisme communautaire d’hébergement pour les 18-30 ans. Cette expérience a grandement complété mes connaissances en intervention avec des personnes ayant des histoires différentes les unes des autres.
À la fin du baccalauréat, j’avais encore envie d’approfondir mes connaissances dans le domaine de la victimologie. Par l’influence d’un cours de sociologie du genre et le contexte du #MeToo, j’ai décidé de poursuivre à la maîtrise en criminologie sur le sujet des hommes ayant été agressés sexuellement à l’âge adulte. Cet intérêt m’a permis de décrocher un emploi comme intervenant psychosocial au Centre de ressources et d’intervention pour hommes abusés sexuellement dans l’enfance (CRIPHASE).
En suivant la mission et les objectifs du CRIPHASE, mes principales tâches sont de faire des rencontres d’accueils afin d’évaluer les besoins des hommes, d’assurer un suivi individuel avec des rencontres hebdomadaires, d’animer des groupes de soutien et participer aux rencontres d’équipe. Une journée typique consiste à lire mes derniers courriels, y répondre au besoin, préparer mes rencontres de suivi individuel ou de groupe, participer à mes deux ou trois rencontres de suivi et rédiger mes notes évolutives. En dehors de ces tâches, je peux avoir à faire des références, travailler sur les améliorations de nos services, participer à des formations, participer à la table de concertation en agression sexuelle de Montréal.
Je suis vraiment content d’avoir pu affiner une spécialisation au fil de mes choix et expériences en victimologie, et notamment auprès des hommes. Je suis sûr de pouvoir continuer à œuvrer dans ce sujet dans de futurs emplois et j’ai espoir d’avoir une influence dans ce domaine.
Samuel Dussault, Intervenant Psychosocial et Étudiant à la maîtrise en criminologie
Rédaction par Samuel Dussault
Courriel: samuel.dussault@criphase.org
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Je sais que je veux travailler dans le domaine de l’intervention depuis le 1er janvier 2012, après avoir été confrontée à de la criminalité, bien que la délinquance m’ait toujours intéressée. J’étudie donc dans le domaine depuis le cégep, sachant très bien quel emploi je veux occuper après mes études : travailler pour la DPJ, pour aider des jeunes qui en ont besoin. J’ai commencé par travailler directement sur le terrain, comme éducatrice pour ensuite effectuer mon stage comme agente des relations humaines (ARH) à l’évaluation-orientation des signalements, où j’ai ensuite été engagée. Les journées ne sont jamais pareilles, mais une semaine typique pourrait ressembler à cela :
Le lundi, je suis d’assignation, c’est-à-dire que je reçois un nouveau dossier, soit la situation d’enfants à commencer à évaluer. Pour ce faire, je dois rencontrer tous les membres de la famille, contacter les partenaires (CLSC, éducateurs, hôpitaux, CRDI, SIAM, écoles, police, services communautaires), prendre connaissance du/des domicile (s) des enfants (ce que les clients trouvent intrusif), faire des visites surprises et observer l’interaction entre les parents et leurs enfants. Lorsqu’on est prêt à prendre une décision, on prévoit une discussion clinique avec notre chef supérieur afin de déterminer les motifs de compromission retenus ou non (abandon, négligence, mauvais traitements psychologiques, abus sexuel ou physique et troubles de comportement sérieux), notamment en analysant toutes les versions de la situation que nous avons. Pour nous aider à prendre certaines décisions, nous avons accès à des outils objectifs (exemples : DEP-Ado et grille d’investigation suicidaire ou d’évaluation des conditions de vie). Parfois, nous devons prendre des mesures de protection avant de déterminer officiellement si la DPJ demeure impliquée auprès d’une famille (exemple : placement en famille d’accueil ou en centre de réadaptation, hospitalisation, exclusion d’un des parents et interdit de contact). Le mardi, je suis la garde d’équipe, ce qui veut dire que je suis la personne de référence si des interventions sont nécessaires dans les dossiers d’intervenants absents. Il s’agit de journées où l’on fait souvent de la rédaction (notes et rapports), ne pouvant pas se prévoir de rencontres avec la clientèle. Le mercredi, j’ai un tribunal de prévu. Il faut donc que je me prévoie du temps pour préparer mon témoignage et m’assurer d’appliquer les mesures ordonnées par le juge. Le jeudi, je suis en réunion dans l’avant-midi et j’ai une discussion de liaison en après-midi. Cela signifie qu’une rencontre entre nous, la clientèle et un intervenant de l’application des mesures, est prévue. L’étape de l’évaluation-orientation est terminée et un plan d’intervention sera établi afin de mettre fin à la situation de compromission. Cela peut être fait de manière volontaire ou judiciaire. Le vendredi, je suis en formation, par exemple, en lien avec le trouble de personnalité limite, le développement de l’enfant ou le conflit de séparation, etc.
Pour faire ce travail, je crois qu’il est important d’avoir certaines qualités, la première étant d’être curieux. En effet, pour prendre une décision éclairée, il est important de recueillir le plus d’informations possible. Il est aussi important d’être organisé, car on peut rapidement être embourbé par la rédaction, mais aussi parce qu’il y a des délais légaux à respecter. Il est également essentiel d’être en mesure de bien gérer son stress ainsi que les imprévus. Effectivement, les clients peuvent être hostiles et les situations des enfants très prenantes émotionnellement. De plus, nous ne sommes jamais à l’abri d’une urgence qui peut modifier les plans que nous avions prévus pour la journée, voire la semaine. Travailler pour la DPJ demeure une profession gratifiante et je n’ai aucun regret, bien que ce ne soit pas fait pour tout le monde.
Lara Dufour, Criminologue
Rédaction par Lara Dufour ↑
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C’est au cégep que j’ai développé une fascination pour les personnes marginalisées. Lors de mes cours en psychologie, le professeur me captivait par ses récits concernant des individus ayant des comportements plus ou moins étranges et qui avaient besoin d’aide. C’est donc avec cette envie d’aider et de comprendre ces individus que je suis entrée en criminologie. C’est au moment de mon stage que je suis tombée en amour avec une clientèle aux prises avec un problème de toxicomanie, clientèle qui, au début de mes études, ne m’intéressait que très peu et qui, maintenant, est ma clientèle préférée. J’avais plusieurs préjugés face à l’intervention auprès de cette dernière. Ne la connaissant que très peu, j’avais l’impression que le travail ne consistait qu’à répéter à maintes reprises de ne pas consommer de drogues, d’expliquer les méfaits de ces dernières et chercher des solutions. À ma grande surprise (et joie), j’ai découvert que le travail auprès d’une clientèle en dépendance était beaucoup plus complexe que cela. La thérapie cognitivo-comportementale est très reconnue pour œuvrer auprès d’une clientèle dépendante, c’est elle qui est utilisée dans l’organisme où j’ai fait mon stage et aussi dans le centre dans lequel je travaille maintenant. Non seulement nous travaillons sur la consommation de substances, mais également sur les émotions, les pensées et les comportements des individus. En quelque sorte, on va chercher plus loin que la consommation de substances en elle-même afin de permettre à l’individu de changer réellement de mode de vie. Je suis donc tombée en amour avec ce travail qui est constitué d’une multitude de facettes et d’outils d’intervention.
Après mon stage, j’ai choisi de travailler dans un centre de traitement des dépendances. Plusieurs formules différentes existent pour ces types de centre, mais l’endroit où je travaille offre une thérapie d’environ six mois, avec hébergement. Je suis donc en contact quotidien avec les résidents qui évoluent dans le milieu et vivent ensemble pendant plusieurs mois. Je les appuie dans leurs démarches alors qu’ils travaillent à atteindre la sobriété. La clientèle avec laquelle je travaille est composée de personnes dépendantes à plusieurs substances illicites ou non. Plusieurs individus ont également des problèmes de santé mentale, notamment des troubles de personnalité. C’est un emploi stimulant, car chaque journée est différente de la précédente et me permet de me développer comme intervenante. Comme il s’agit d’un milieu d’hébergement, plusieurs situations se déroulent tous les jours et représentent une base d’intervention pour nous. Les individus qui viennent au centre sont ici pour changer de vie. Pour ma part, il n’y a pas plus valorisant comme métier que de voir que l’on fait notre petite part pour aider ces personnes à opter pour une meilleure vie, sans la consommation. Alors qu’ils évoluent, nous les aidons à cheminer en travaillant notamment sur leurs comportements et la gestion émotive.
Ma journée typique démarre avec la prise d’informations concernant les derniers événements. Puisqu’il s’agit d’un lieu d’hébergement, il est important de me tenir informer de ce qui s’est déroulé dans les heures où j’ai été absente. Par la suite je prends compte des différents travaux rédigés par les résidents que je supervise avant d’aller donner des ateliers. Ces derniers se déroulent en groupe où chacun échange ses idées et ses perceptions. Par la suite, j’applique l’horaire de la thérapie qui se compose de différentes activités, de sports, d’ateliers, etc. Il y a également une part de mon travail qui consiste à effectuer des interventions en individuel avec les résidents; des discussions informelles qui constituent souvent de très beaux échanges. En bref, il s’agit d’un métier passionnant où l’on sent que l’on fait notre part pour aider les autres.
Valérie Breton, Intervenante
Rédaction par Valérie Breton ↑
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Je travaille désormais au bureau de Lévis, à l’application des mesures, depuis plus d’un an déjà. En protection de la jeunesse, le client principal, c’est l’enfant. Toutes mes interventions sont donc dirigées vers le meilleur intérêt de celui-ci. D'ailleurs, je travaille principalement avec le ou les parent(s). Il n’y a pas de journée typique: la routine n’existe pas dans mon travail (et tant mieux!). Pour la mise en contexte, je suis l’intervenante sociale qui effectue le suivi à plus ou moins long terme, une fois que la compromission a été prouvée par un intervenant à l’évaluation-orientation. J’applique donc littéralement les mesures ordonnées par un juge ou bien prises selon ententes sur mesures volontaires.
Dans une journée « typique », plusieurs tâches sont à effectuer. Je rencontre les clients, les enfants, les familles d’accueil et parfois même la famille éloignée et les amis. De plus, je peux effectuer ces rencontres dans différents milieux: les écoles, le bureau, les garderies, les domiciles familiaux, etc. Je peux également faire des suivis téléphoniques ou par visioconférence. Je planifie également des visites surprises, où je me présente au domicile sans m’annoncer. Je dois également superviser des contacts parents-enfants. Il y a également des journées de garde, où je suis l’intervenante attitrée pour gérer les urgences qui surviennent dans les dossiers de mes collègues absent(e)s. Comme j’ai plusieurs dossiers dans mon caseload et plusieurs tâches à effectuer, je dois planifier minutieusement mes suivis pour ne rien oublier.
Je travaille également en collaboration avec différents organismes dans la communauté: pédiatrie sociale, médecin, travailleurs sociaux du CLSC, professeurs et membres du personnel scolaire, agents de probation, etc. Cette collaboration est essentielle, puisqu’évidemment, je n’ai pas des yeux à temps plein chez les familles.
Ensuite, lorsqu’une fin d’ordonnance ou de mesure approche, je dois planifier la révision. Celle-ci s’effectue en présence de la famille et de la ou le réviseur(e). Je dois donc rédiger un rapport psychosocial, qui fait office de bilan des derniers mois. La personne en poste pour la révision doit donc se positionner sur la compromission, à savoir si nous fermons le dossier ou bien si nous devons poursuivre avec les mesures actuelles/nouvelles mesures.
Le palais de justice fait également partie intégrante de mon travail. J’y suis amenée à témoigner, afin de présenter la position de la DPJ devant un juge de la chambre de la jeunesse. Je peux aller au tribunal lorsqu’une mesure se termine et que nous devons poursuivre le suivi, afin d’entériner une nouvelle ordonnance. Je peux également prendre des mesures d’urgence, lorsque la sécurité immédiate d’un enfant est menacée: ainsi, je dois me rendre devant un juge dans les 48 heures suivant la mesure. Mon travail a un aspect légal important : je me réfère souvent à mon contentieux et je dois respecter les délais prévus par la Cour.
À l’application des mesures, il y a beaucoup de rédaction. Je me planifie environ une à deux journées de rédaction par semaine, c’est essentiel pour ne pas accumuler trop de retard! Je dois rédiger des notes évolutives, des rapports psychosociaux et des plans d’intervention.
Il est aussi important de souligner que je ne prends jamais de décisions seule: je suis accompagnée de ma coordonnatrice ainsi que de mon chef de service. Dans mon agenda, j’ai une supervision clinique avec ma coordinatrice qui est planifiée aux six semaines: cela nous permet de planifier l’orientation clinique de mes dossiers.
L’avantage de mon service, c’est que je suis tout de même en mesure de planifier mes journées. En fait, la règle d’or à l’application des mesures, c’est l’organisation! Mon agenda est planifié près d’un mois à l’avance. Cependant, je n’ai pas le choix d’adapter mon horaire la journée même, car une urgence peut survenir à tout moment et venir chambouler tout mon horaire. J’ai d’ailleurs trouvé cela très confrontant personnellement, à mes débuts, étant une personne qui aime la prévisibilité.
Si vous m’aviez posé la question il y a quelques mois, je n’aurais pas été en mesure de dire si j’aimais mon travail. Je mentirais si je disais que je n’avais pas trouvé les premiers mois extrêmement difficiles. Je dois avouer que ça m’a pris au moins un an avant de m’y sentir à ma place et en contrôle. À l’application des mesures, l’important c’est de se donner du temps. Il y a énormément de choses à assimiler et on peut se sentir rapidement envahis par l’ampleur des tâches à effectuer. Il faut prendre une journée à la fois et ne pas hésiter à demander le soutien de ses collègues. Je ne le dirai jamais assez: il faut lâcher prise sur ce qu’on ne peut pas contrôler! Il est aussi très important d’être bienveillant envers soi-même et de prendre le temps d’écouter ses propres limites. Il est certain que je vis encore des hauts et des bas, mais aujourd’hui, je peux affirmer que j’aime mon travail. À l’application des mesures, j’entre dans la vie des familles à plus long terme et je suis en mesure d’établir une belle relation avec plusieurs d’entre eux. Je trouve qu’il est gratifiant d’accompagner les familles lors de leur évolution: j’ai été témoin de belles histoires et c’est ce qui me permet de croire en la réhabilitation.
- Camille Perreault, Agente de relations humaines à l’application des mesures
Rédaction par Camille Perreault ↑
Vérification(s) par
Depuis que je suis jeune, je souhaite aider les autres. Au début, je voulais aller dans la santé, mais durant mon parcours au cégep, j’ai découvert la psychologie. Cela m’a donné le goût d’aller vers les emplois axés sur l’humain. J’ai décidé d’aller en criminologie, même si je savais que c’était peu commun, afin d’aider les autres. Je ne pensais pas aller vers les victimes, mais en faisant les cours, j’ai découvert qu’avec ce baccalauréat, on pouvait également travailler avec les victimes d’actes criminels ou encore avec les enfants. Mon objectif de carrière a donc changé à ce moment-là. Je voulais soit aller à la DPJ ou aider les victimes d’actes criminels. J’ai finalement fait mon stage à la DPJ. Autant j’ai aimé, autant je trouvais qu’il me manquait quelque chose. Je repensais encore aux victimes d’actes sexuelles (car j’ai également fait un certificat en santé sexuelle). J’ai décidé d’aller chercher de l’expérience auprès des victimes.
Présentement, je travaille dans une maison d’hébergement pour les femmes et leurs enfants victimes de violence conjugale. Dans ce milieu, mon poste est intervenante sociale. Cet organisme communautaire a des journées qui ne se ressemblent pas tout le temps. Mon milieu de travail est spécial comparé à d’autres, car je suis huit heures par jour dans la maison d’hébergement avec les femmes et leurs enfants présents. Je vis littéralement avec les femmes et les enfants. Mon horaire de travail change à toutes les semaines : de soir, de jour et une fin de semaine sur quatre. Pendant mes heures, je peux être dans mon bureau, répondre aux demandes d’aide des femmes qui appellent ou encore avoir des rencontres avec les femmes de l’hébergement. Durant un appel, je dois écouter les femmes, évaluer leurs besoins et les référer au besoin vers une ressource mieux adaptée. Donc, je dois m’assurer que la femme vit de la violence conjugale, je dois lui poser des questions, m’assurer de sa sécurité et par la suite évaluer celle-ci avec un outil qui se nomme le CSVC. Lorsqu’il y a des femmes dans la maison d’hébergement, je suis attitrée à certaines femmes. Je suis donc responsable de leur dossier, de travailler la violence avec elles avec les outils d’intervention de la maison d’hébergement et parfois les confronter sur certains aspects. Je dois également les aider dans leurs démarches : trouver un loyer, faire une demande d’aide sociale, une demande IVAC, etc. Je peux également faire certaines formes d’accompagnement : durant une déposition, à la Cour, durant un rendez-vous, par exemple avec l’aide juridique, rencontre avec la DPJ, etc. Cela permet aux femmes d’avoir une certaine sécurité et de s’assurer de bien comprendre tout ce qui est dit.
Le séjour est temporaire, on ne sait jamais combien de temps celui-ci va durer, mais on travaille avec les besoins de la femme. Il arrive qu’il y ait des femmes avec un syndrome de stress post-traumatique et, à ce moment, l’équipe ne travaille pas sur la violence, car on n’est pas spécialisée dans ce domaine (même chose si on soupçonne un stress post-traumatique). Puisque je travaille dans le milieu de vie des femmes, il y a beaucoup d’interventions informelles. Il m’arrive de cuisiner avec une femme tout en lui parlant de tout et de rien. Parfois, cela permet de créer un lien de confiance encore plus fort, car les femmes se sentent plus à l’aise de parler lorsque ce n’est pas dans un bureau de façon formelle. Je peux également faire des activités avec elle, comme aller au parc avec les enfants, prendre des marches, écouter un film, etc.
Nous intervenons avec l’approche féministe, donc on veut redonner le pouvoir aux femmes. Cela nous permet d’aider les femmes sans toutefois faire les démarches à leur place. Nous voulons que la femme se sente capable de prendre les décisions qui lui conviennent le mieux, car dans une relation de violence conjugale, ce n’est pas rare que la femme a perdu ce pouvoir. C’est un environnement super stimulant malgré tout et présentement j’aime vraiment cela. Je sens que je fais une différence dans la vie de ces femmes et leurs enfants.
— Laurie-Ève Pellerin, Intervenante sociale à la Maison De Connivence
Rédaction par Laurie-Ève Pellerin ↑
Vérification(s) par Ariane Pelchat
D’aussi longtemps que je me souvienne, j’ai toujours voulu travailler dans un domaine relié à la justice, mais aussi à la relation d’aide. C’est au Cégep que j’ai découvert l’existence de la criminologie et que je me suis intéressée davantage à la psychologie. Durant mon baccalauréat en criminologie, j’en ai appris davantage sur la délinquance et j’ai pu confirmer mon intérêt à travailler auprès d’une clientèle judiciarisée. À la fin de mon baccalauréat, j’ai fait mon stage en surveillance communautaire chez la corporation RÉHAB, où j’ai assuré le suivi de personnes contrevenantes en communauté. Cela m’a confirmé mon désir de poursuivre ma carrière dans le domaine de la réinsertion sociale auprès d’une clientèle adulte. À la suite de mon stage, j’ai obtenu un emploi en tant que conseillère clinique au CRC Beauce, une maison de transition spécialisée en dépendance qui héberge des hommes de 18 ans et plus.
Le travail d’une conseillère clinique en CRC (centre résidentiel communautaire) peut être très varié, puisqu’il s’agit d’un milieu où les journées ne se ressemblent pas. Toutefois, il y a certaines tâches de base qui doivent être exécutées chaque semaine. D’abord, je dois rencontrer tous les résidents qui me sont assignés, et ce, une fois par semaine pour leur suivi clinique individuel. Pour ma part, je m’occupe d’environ 8 à 10 résidents. Le but du suivi clinique hebdomadaire est d’accompagner les résidents dans l’atteinte de leurs objectifs et de les aider dans leur réinsertion sociale. Pour chaque résident rencontré, une note doit être rédigée à leur dossier. Mon travail demande également de faire la rédaction de bilans de séjour et de différents rapports pour des instances, telles que la Commission québécoise des libérations conditionnelles (CQLC) et la Commission des libérations conditionnelles du Canada (CLCC).
Comme la rédaction représente une bonne partie de la charge de travail, la maîtrise du français est une qualité requise pour exercer le poste de conseillère clinique. Mon travail consiste également à assurer la sécurité dans la résidence et donc de faire de la surveillance sur le plancher, afin de m’assurer du respect des règlements de la ressource. Je dois également m’assurer du respect des conditions légales qui sont différentes pour chaque résident. Comme le CRC Beauce accueille une clientèle fédérale et provinciale, mon travail demande de travailler en collaboration avec les agents de probation du service correctionnel du Québec et avec les agents de libération conditionnelle du service correctionnel du Canada. Des discussions de cas sont donc organisées avec nos partenaires, afin de les informer du cheminement de chaque résident. De plus, une fois par semaine, je dois faire un résumé de l’évolution de chacun de mes résidents en réunion clinique. Il s’agit d’une réunion d’équipe avec mes collègues qui permet d’évaluer les demandes de sorties des résidents pour la fin de semaine (weekend). Mon emploi me demande également d’animer des ateliers de groupe pour les résidents sur différents sujets, tels que la toxicomanie.
Bien que certaines tâches reviennent chaque semaine, certaines situations peuvent se produire dans le cadre de mon travail et peuvent venir complètement chambouler l’horaire prévu de la semaine (p. ex., un résident qui brise une condition légale et/ou qui consomme, un résident qui prend la fuite, etc.). Il est donc essentiel d’avoir une bonne capacité d’adaptation à l'égard des imprévus. Comme mentionné précédemment, une conseillère clinique doit également avoir une bonne maîtrise du français. J’ajouterais également que parmi les qualités requises pour cet emploi, il y a le dynamisme, la patience et l’écoute. Pour l’animation d’ateliers, il faut garder les résidents concentrés sur le sujet et rendre leurs journées intéressantes, puisqu’ils font 9 heures d’ateliers par jour. Il faut donc être en mesure de susciter leur intérêt et d’être dynamique. Il faut également user de patience, car il s’agit d’une clientèle exigeante qui ne respecte pas toujours les règles imposées. Cela demande donc d’exercer une certaine forme d’autorité. Finalement, il faut avoir de l’écoute et de l’empathie face à la clientèle délinquante. Il faut prendre le temps d’écouter les contrevenants, de les comprendre et de les conseiller. Il faut également être en mesure de voir les humains derrière leurs délits et croire en la réinsertion sociale, bien qu’il soit impossible de tous les réhabiliter. Bref, ce n’est pas un emploi qui est fait pour tout le monde, mais c’est un travail passionnant, gratifiant, dynamique et motivant!
Mélodie Roy, Criminologue
Lorsque j’ai terminé mon baccalauréat en criminologie, j’ai débuté mon expérience de travail au Centre Femmes Aux 3A de Québec (CF3A) en tant qu’intervenante psychosociale. Le CF3A est un organisme communautaire qui a pour but de prévenir la judiciarisation et la récidive chez les femmes en situation de délinquance, et ce, en leur offrant un soutien et un accompagnement qui leur permet de réorganiser leur vie et d’en reprendre le contrôle.
À ce moment, je n’avais pas de milieu idéal en tête où travailler, j’étais donc ouverte aux opportunités. Lorsqu’on étudie en criminologie, on se rend rapidement compte qu’il y a plusieurs endroits où l'on peut potentiellement travailler. Nous sommes donc assurés de trouver un emploi. Après mon baccalauréat, j’ai appris qu’il existait un programme de certificat en cyberenquête à la Polytechnique de Montréal et ce dernier me semblait très intéressant. J’ai donc débuté ce certificat en août dernier, à temps partiel, dans le but de me spécialiser et de pouvoir travailler éventuellement dans ce domaine.
Vers la fin de mon baccalauréat, un poste était libre au CF3A, donc je me suis lancée. C’était un poste d'intervention associé à un programme appelé « Juste pour Toit » qui impliquait de travailler auprès de femmes ayant vécu de l’itinérance. Le but était de les intégrer en logement et d’assurer un maintien en effectuant un suivi avec elles. Ce poste est en collaboration avec sept autres organismes communautaires de Québec qui forment le Projet Porte-clés. Je vous invite d’ailleurs à effectuer vos recherches sur le sujet. J’ai beaucoup aimé mon expérience, puisque j’ai rapidement réussi à créer un bon lien avec les femmes que j’avais en suivi. Cela peut être difficile pour ces personnes de laisser entrer une intervenante dans leur vie, ainsi que dans leur intimité. Toutefois, elles se rendent rapidement compte que nous sommes là pour les guider vers une autonomie dans toutes les sphères de leur vie. Dans mon milieu de travail, plusieurs tâches étaient à effectuer quotidiennement, commençant par les visites à domicile. Le but de celles-ci est de faire un suivi auprès de la femme, de m’assurer de l’état du logement, de vérifier si tout se passe bien avec les voisins, d'intervenir lorsqu’il y a des plaintes, etc. Je devais également faire des accompagnements médicaux lorsque demandé. L’intégration en logement est normalement de deux femmes par année, ce qui implique de faire des démarches avec la femme et les partenaires afin d'obtenir la subvention. Ces démarches impliquent de faire une demande d’aide sociale avec elle et de la référer aux ressources adéquates, au besoin. Cela implique aussi de l’aider à garder ses déclarations de revenus à jour, de s’assurer qu'elle ait une carte d’assurance maladie valide, et aussi, de l'assister lorsqu'elle remplit des formulaires divers. Cette étape est souvent plus difficile, puisqu’à ce moment-là, la femme n’est pas encore en logement, donc il devient rapidement difficile de la rejoindre. D’autres tâches connexes doivent également être réalisées lors des intégrations et des suivis, telles que les déménagements, les déplacements autres, etc.
Dans le cadre de mon poste, j’étais aussi responsable de l’animation des distributions alimentaires, ce qui me permettait de faire de l’intervention plus informelle, tout en créant un lien avec les femmes. J’effectuais également les tâches communes aux intervenantes, soit de faire des ouvertures de dossiers, d'aider à la réception et bien d’autres. Dans un milieu communautaire, l’équipe de travail est souvent plus petite, ce qui fait en sorte qu’il est plus facile de créer un bon lien avec tout le monde. Il s'agit toutefois de mon point de vue personnel, car dans mon cas, mes collègues sont devenues des amies, comme une deuxième famille. Je suis très heureuse d’avoir eu l'opportunité de débuter ma carrière en intervention dans ce milieu très formateur.
J’ai récemment dû quitter cet emploi, puisque je retourne vivre dans ma région. J’occupe actuellement un poste d’agente de relations humaines à l’application des mesures pour la DPJ, ce qui est très différent du communautaire. Je ne peux pas encore dire si j’aime mon nouvel emploi, puisque c’est très nouveau, mais j’ai déjà hâte d’en apprendre davantage sur la protection de la jeunesse.
Catherine Therrien
Rédaction par Catherine Therrien ↑
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Mon intérêt pour la criminologie a probablement débuté après la lecture du livre ‘’ Mes tueurs en série de Nadia Fezzan’’.
J’ai été immédiatement intrigué, même fasciné, par les tueurs en série. Mon rêve était clairement de devenir la prochaine profileuse. Je dévorais tous les livres de Stéphane Bourgoin. Mes cours de psychologie ont aussi marqué mon cheminement. Toutefois, il était clair pour moi que je ne deviendrais pas psychologue. Je ne me voyais clairement pas, assise dans un bureau à écouter les gens se plaindre de leur vie. C’était ma vision, à l’époque, de ce qu’était un psychologue. Je me suis donc inscrite en criminologie en premier lieu pour assouvir ma grande fascination pour les tueurs en série. Tous mes cours étaient choisis en fonction de la clientèle criminalisée adulte. Je me suis toujours répété que je ne travaillerais JAMAIS avec les victimes et encore moins avec la clientèle mineure. Je n’ai donc jamais choisi de cours dans ce domaine.
Ma première expérience de travail a été comme travailleuse de parc, dans une ressource de travail de rue. Les objectifs de mon stage étaient seulement de créer des liens avec les jeunes qui fréquentaient des lieux publics. Il pouvait m’arriver d’intervenir auprès d’eux par une approche éducative, de les sensibiliser sur certains enjeux.
Est venu le moment de choisir mon stage de fin de baccalauréat. J’ai eu la chance de le faire au pénitencier de Drummondville avec la clientèle contrevenante. Mon rêve. Toutefois, ce n’est clairement pas ce à quoi je m’attendais. Après mon stage, j’ai souhaité m’orienter vers une clientèle volontaire et dont les comportements n’étaient possiblement pas cristallisés dans le temps. Je me suis dirigé, par la suite, vers un centre de thérapie pour la dépendance auprès d’une clientèle adolescente. Mon histoire d’amour avec la clientèle adolescence a débuté. Cet organisme, utile, bienveillant et surtout humain m’a forgée en l’intervenante que je suis maintenant. Après quelques années au sein de la ressource, j’ai décidé de me réorienter, de me trouver de nouveaux défis.
C’est là que le CAVAC est entré dans ma vie. Quelques années auparavant, en sortant de l’université, j’avais eu une entrevue auprès du même CAVAC. La directrice avait préféré une autre candidate plus expérimentée. Elle avait tout de même pris le temps de me partager qu’elle avait vu un potentiel en moi, et m’encourageait à gagner de l’expérience et revenir la voir dans le futur. Je crois avoir surpris ma directrice en lui disant que j’avais pris à la lettre ses conseils. J’ai donc intégré mon équipe à l’été 2019. J’ai rapidement trouvé intérêt au poste de l’accueil et orientation, soit la gestion des nouvelles demandes. J’aimais beaucoup l’adrénaline que chaque appel pouvait apporter et le fais que je n’avais jamais un appel semblable. J’aimais beaucoup prendre le temps de discuter avec la personne qui m’appelait, évaluer ses besoins et sa situation, normaliser ce qu’elle pouvait vivre et surtout, lui offrir les services/ressources qui pouvaient bien répondre à son besoin.
Depuis quelques mois, j’ai la chance de m’occuper d’un projet qui me tient énormément à cœur et pour lequel je crois énormément. Nous offrons le programme témoin enfant qui consiste en une démarche structurée de préparation au témoignage destinée aux mineurs âgés entre 5 et 17 ans, qui ont à témoigner en Chambre criminelle ou de la jeunesse. Je rencontre donc des mineurs qui sont appelés à témoigner. Les principaux objectifs du programme sont ;
Quand je repense à mon début de carrière, jamais je n’aurais cru travailler dans cette branche et avec cette clientèle. C’est vraiment le souhait d’avoir de meilleures conditions de vie qui m’ont fait changer d’emploi. Comme quoi, il faut toujours se laisser guider par les opportunités et ne pas hésiter à essayer de nouveaux défis. La criminologie est un domaine tellement vaste, mais tellement précis à la fois. J’ai la chance de pouvoir utiliser quotidiennement mes qualités d’intervenante, acquise durant mon cursus scolaire et mes expériences de travail, pour aider des gens à qui leur est arrivé l’insoutenable.
Alexandra Bélanger, Criminologue au CAVAC Centre-du-Québec
La Direction de l’audit interne, des enquêtes et de l’inspection (DAIEI), une direction à trois volets, exerce au sein de l’ensemble du ministère de la Sécurité publique une fonction indépendante et objective d’évaluation à l’égard des unités administratives qu’elle audite, enquête ou inspecte.
Elle apporte au sous-ministre le soutien nécessaire pour s’acquitter de ses obligations en matière de reddition de comptes et de suivi de la performance du ministère dans ses différentes sphères d’activités.
Dans cet article, vous pourrez en apprendre davantage sur le travail d’inspecteur des services de police et celui d’évaluateur des services correctionnels au sein de la DAIEI. La formation en criminologie est certainement un atout pour les fonctions précédemment nommées en raison du fait qu’elle permet d’exercer une pensée critique et réflexive axée sur les solutions, et ce, autant pour les enjeux de nature sociale, publique et politique que sur le plan de l’humain (droits fondamentaux et réinsertion sociale). De façon plus importante, le cours de recherche qualitative, faisant partie du cursus de criminologie, contribue au développement de thématiques d’audit pertinentes en suivant une méthodologie précise (recension de la littérature, développement d’outils de collecte, analyse et interprétations des données, rédaction de rapport, etc.).
Karolane Labrecque, inspectrice des services de police
Lorsque j’ai terminé mes études en criminologie, j’étais loin d’imaginer que mon parcours me mènerait là où je suis aujourd’hui. J’ai effectué mon stage en tant qu’agente de probation, une expérience qui m’a énormément appris, mais qui m’a aussi confirmé que le domaine de l’intervention et de la relation d’aide ne correspondait pas tout à fait à mon profil et à mes objectifs professionnels. Peu de temps après, une opportunité que je n’avais pas envisagée, liée à une autre facette de la criminologie, s’est présentée à moi.
Depuis presque quatre ans, je suis inspectrice des services de police. Le mandat de la DAIEI en matière d’inspection s’inscrit dans la Loi sur la police (RLRQ, chapitre P-13.1) et vise notamment à assurer un service d’inspection des corps de police municipaux, autochtones, spécialisés, de la Sûreté du Québec ainsi qu’un contrôle des constables spéciaux. L’objectif des inspections est d’améliorer l’efficacité des organisations et de leurs membres. Cette approche signifie que nous nous considérons comme les partenaires des organisations inspectées. Mentionnons que les organisations sont inspectées selon différents sujets comme les interventions policières en matière de violence familiale et d’agression sexuelle, la gestion du renseignement criminel, l’emploi de la force, etc.
Plus concrètement, une inspection type s’échelonne sur plusieurs semaines. D’abord, un travail en amont doit s’effectuer avant de procéder à l’inspection, soit celui d’analyser la documentation fournie par l’organisation policière, et ce, pour connaître ses façons de faire avant même d’y mettre les pieds. Ensuite, accompagnée d’autres inspecteurs, je me rends sur place durant quatre à cinq jours afin de procéder à l’inspection proprement dite qui est en fait un audit des pratiques visant à : évaluer le fonctionnement de l’organisation (administratif et opérationnel) ainsi que s’assurer du respect des lois, des règlements, des directives qui la régissent de même que des pratiques policières établies et reconnues. Pour ce faire, j’effectue des rencontres avec le personnel, j’analyse des dossiers opérationnels, je vérifie les données disponibles sous toutes formes, je visite certains lieux, etc. Une fois l’inspection terminée, je dois rédiger un rapport d’inspection, destiné aux autorités concernées, faisant état de recommandations qui permettront de résoudre les problèmes constatés et qui favoriseront l’amélioration des pratiques de gestion au sein des organisations inspectées. Finalement, une autre partie importante de mon travail est d’assurer le suivi de la mise en œuvre de ces recommandations par les organisations en appréciant les mesures correctrices proposées par celles‑ci.
Que ce soit verbalement ou par écrit, la diplomatie, le tact, l’adaptabilité, le jugement et le discernement sont des qualités inhérentes à la profession d’inspecteur. Le caractère complexe et stratégique des rapports que nous rédigeons requiert également d’excellentes capacités d’analyse et de synthèse. Enfin, une aptitude à travailler en équipe est primordiale pour exceller dans ce domaine.
Bien qu’exigeant, je peux affirmer que le métier d’inspectrice des services de police en est un des plus stimulants et enrichissants, car il contribue à la professionnalisation de nos organisations policières au Québec et il permet un accès privilégié à un milieu plutôt méconnu en général.
Helsa Bradford, évaluatrice des Services correctionnels du Québec
Alors que j’avais à peine dix ans, j’étais intriguée par la criminalité. En vieillissant, ma soif de comprendre la délinquance et la psychologie humaine s’est accrue et je l’assouvissais notamment par la lecture de livres, l’écoute de documentaires et de films. Le monde carcéral m’a toujours intrigué : un milieu fermé au grand public, mais dont on se fait une idée à partir de ce qu’on voit à la télévision ou de ce qu’on entend dans les médias. Au-delà de cette curiosité, le sentiment que je pouvais faire une différence dans ce domaine m’habitait et c’est ce qui m’a amenée à compléter un baccalauréat en criminologie. Je dois avouer que même aux études, je n’avais pas idée de l’étendue des possibilités de carrière par la suite. En vérité, je me voyais travailler en relation d’aide pour le Service correctionnel du Canada comme agente de libération conditionnelle comme j’en avais fait l’expérience pendant mon stage universitaire à Toronto.
Après avoir occupé un poste comme enquêteur en matières frauduleuses pour une autre organisation gouvernementale, en janvier 2020, j’ai intégré la DAIEI. J’ai d’abord occupé les fonctions d’enquêteur et un an plus tard, toujours au sein de la même direction, j’ai fait le tremplin dans l’équipe d’audit interne en raison du fait que les tâches convenaient davantage à mes aspirations, ma personnalité dynamique et mon appétit pour la gestion des risques.
La prison étant une microsociété devant être encadrée par des règles et méthodes d’opération bien précises, les audits réalisés conformément à la Directive sur l’évaluation de conformité des services correctionnels du Québec et aux Normes internationales pour la pratique professionnelle de l’audit interne établies par The Institute of Internal Auditors (IIA) permettent de s’assurer que les pratiques en établissement de détention (ED) sont conformes aux normes. Ultimement, ils permettent aussi de veiller à ce que les organisations améliorent ces mêmes pratiques. Précisément, selon les thématiques approuvées par les autorités responsables, la DAIEI examine et analyse, entre autres, les processus de gouvernance, les mécanismes de gestion et la maîtrise des opérations par le personnel des unités vérifiées. Annuellement, un échantillon des 18 ED de la province fait l’objet d’une évaluation par la DAIEI. Par exemple, les thèmes suivants pourraient être évalués : l’emploi de la force, la prévention du suicide, la gestion de la discipline des personnes incarcérées, etc.
Les principales tâches d’un auditeur interne des services correctionnels consistent à la coordination et la planification d’évaluations pour un thème donné. Le tout a pour objectif de voir à la réalisation d’une mission permettant d’identifier des constats et recommandations susceptibles de parfaire le rendement des unités vérifiées, et ce, selon une analyse des risques. Ce travail d'effort soutenu commande à faire de la recherche, à communiquer avec des partenaires et collaborateurs, à travailler en équipe, à se déplacer sur le terrain pour rencontrer le personnel et les gestionnaires, à analyser les données recueillies, à procéder à la rédaction de rapports et enfin, à voir à la mise en œuvre de ces recommandations par les organisations, comme l’a mentionné Karolane plus tôt.
Dans cette profession, les compétences requises sont la curiosité, la rigueur, d’excellentes capacités d’analyse, de synthèse et de communication, autant à l’oral qu’à l’écrit, des habiletés relationnelles, de l’autonomie, un sens de l’organisation et de la gestion de temps en raison des délais pour la réalisation de chacune des missions.
En somme, ce travail est très stimulant et il contribue grandement à l’acquisition de nouvelles connaissances professionnelles et au perfectionnement de celles-ci à travers la multitude de mandats proposés. Qui plus est, celui qui détient ces fonctions se sent engagé dans son travail, il sent que ce qu’il fait compte et qu’il dispose des moyens pour prendre part au perfectionnement des pratiques dans le milieu correctionnel.
Rédaction par
Correction par Audrey-Maude. L
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